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Dans mon parcours de mélomane autodidacte, il y a eu, comme sûrement dans le vôtre aussi, une période "jazz". Quelques années de ma vie où j'ai tenter de pénétrer ce mystérieux univers.
Ces années peuvent se résumer en d'innombrables aller-retours à la médiathèque municipale pour emprunter un peu tout et n'importe quoi du moment que ça sortait du rayon jazz, histoire de se faire une culture dans le domaine et de se forger une opinion personnelle sur le sujet. Les enregistrements sur K7 s'accumulèrent vite. Des centaines heures d'écoute, de lecture... pour pas grand-chose puisque je ne suis aujourd'hui capable que d'un pauvre name-dropping (qui n'impressionne personne puisque les connaisseurs en savent plus que moi et ceux qui ne connaissent pas s'en foutent).
Mais dans mon voyage initiatique, je me suis un jour heurté à deux murs infranchissables : le free-jazz et le jazz-fusion.
Du jazz fusion, il nous suffira de dire que c'est très certainement une faute de goût du Très-Haut. Un crime de lèse-esthétique. Passons.
Du free-jazz, nous dirons que le Très-Haut tenta de nous parler en son langage. Et, pour être tout à fait honnête, nous n'y comprîmes pas grand-chose. En écoutant Ornette Coleman, Charles Mingus, Eric Dolphy ou, donc, John Coltrane, je me disais que j'étais idiot ou qu'ils étaient géniaux. Ils jouaient une musique incompréhensible par moi, littéralement "inintelligible", au-delà de mon intelligence. Et le vertige métaphysique qui résultait de se sentiment de ne plus rien comprendre à la musique me dictait une telle humilité sur le sujet que le malaise était insupportable. Comment ? La musique était jusque là, dans la marche du Monde, une des seules choses que je pouvais comprendre et tout à coup, cette compréhension m'était ôtée ? La déstabilisation fut si grande que j'arrêtais le jazz après une infructueuse persévérance.
Comme les lectures de Cioran, de Nietzsche, de Céline, de Beckett ou de Belhaj-Kacem, l'écoute du free-jazz me fit entrevoir combien étroit était mon esprit, à quel point je ne pouvais d'un seul de mes regards englober la complexité de mon monde. Ce gouffre-là, qui sépare la réalité du monde et mon quotidien, je ne désire plus m'y perdre. J'ai compris que je n'étais rien. Je peux maintenant tranquillement, les yeux fermés, continuer à écouter de la musique pop.
indice pour la suite : l'album suivant se cache derrière le flou de cette pochette
énigme du jour : qui est ce collaborateur de Coltrane ? --> bonne réponse de Kiki Sarah
17 commentaires:
C'est Pharoah Sanders.
Et encore tu n'as pas écouté les Coltrane les plus extrêmes...
A love supreme est un des plus grands disques de tous les temps. A love supreme c'est de la musique et pas simplement de l'excellent jazz.
L'influence de Coltrane est immense sur la face rock de la planète. Des Byrds (le solo sur Eigh miles high par exemple) à Sonic Youth et j'en oublie des tonnes.
Vi. C'est bien lui.
Bravo.
De Coltrane, j'ai écouté beaucoup plus que ce que je possède en cd. Et je ne nie pas qu'il s'agit là d'une musique importante dans l'Histoire de la Musique. Je confesse juste la terreur métaphysique dans laquelle me plongent ces oeuvres...
Et tous les disques de Coltrane que tu nous montres là n'ont pas grand chose à voir avec le free-jazz en fait...
dur dur la liste de Tata Poum est down depuis hier
Ah tu as commenté en même temps que moi :-)
Il y a bien plus terrifiant en matière de free-jazz que Coltrane mais je comprends totalement qu'on ait du mal avec cette musique. Ca m'est venu sur le tard. Je n'y comprenais rien avant.
Il y a un très bon bouquin qui donne un éclairage très intéressant sur cette musique c'est Free Jazz - Black power que je recommande chaudement.
En ce qui concerne la liste Tatapoum, vous avez encore accès au listing "Albums" qui peut être classé par artistes. Tout va bien, donc... ;-)
Je ne pense pas que toutes les oeuvres relevant plus ou moins du free jazz soient si inaccessibles...
Tu n'es peut-être simplement pas encore tombé sur la porte qui t'a permis d'y entrer et de t'y sentir bien...
Il faut parfois faire des détours assez hallucinants pour se rendre dans un lieu qu'on pensait tout proche...
Il faut prendre garde de ne pas non plus cataloguer l'ensemble de l'oeuvre d'un artiste, ça peut t'empêcher d'accéder à ses oeuvres les plus "conviviales".
Par exemple, je trouve que découvrir Ornette Coleman avec "Shape of jazz to come" c'est plus facile que de tenter de kiffer le mythique "Free Jazz" de son double-quartette du premier coup.
De la même façon, quand je veux faire découvrir Captain Beefheart à un fan de Tom Waits, je lui passe plutôt "Doc at the radar Station" que le très perturbant "Trout Mask Replica"...
Hier je réécoutais justement un disque des Coctails, "Long Sound".
Tu connais peut-être : c'était le groupe du musicien/dessinateur chicagoan Archer Prewitt. Sur ce disque, ils donnent une lecture assez poppy, joyeuse et presque naïve d'un jazz tirant doucettement vers le free.
J'ai beaucoup écouté ce disque, même s'il ne s'agit pas d'un chef d'oeuvre... il a bien correspondu à ce que j'avais envie d'écouter pendant un moment où la pop me lassait un peu...Pareil pour les premiers Lounge Lizards... je trouve que ça peut être de bons espaces de transition...
Je sais que ces albums (mais aussi le disque de Brigitte Fontaine avec L'Art Ensemble Of Chicago ou bien dans un autre registre les Talk Talk tardifs) m'ont bien accompagnés dans ma découverte de choses moins formatées "pop".
Pour Coltrane par exemple, je n'ai véritablement commencé à kiffer "My Favourite things" qu'après une grosse période où j'étais branché comédies musicales et au terme de laquelle je m'étais très bien familiarisé aux standards auxquels Coltrane (et bien d'autres) venaient tordre le cou.
Sans ce point de référence, mon intérêt n'aurait probablement pas eu de point d'ancrage et j'aurais trouvé ça super-chiant...
Merci pour ce long et passionnant commentaire.
Et je précise qu'il m'arrive d'écouter des musiques aventureuses, pas pop pour deux sous.
Le post d'aujourd'hui est plutôt à lire comme la photographie d'une prise de conscience à une époque bien précise de ma vie.
Je prends note de toutes les références que tu nous donnes.
au fait t'avais je déjà dis monsieur Cool B que j'avais toujours grand plaisir à lire tes lignes
celles de ce jour me plaisent beaucoup
voilà c'est dit
sinon tout pour le jazz tout pareil, je me revois aussi à la media prendre des CD de jazz, aujourd'hui encore, et ne tjrs rien comprendre et pire être touché même
je vous rappelle cette phrase des VRP au début de leur carrière "moi ce que j'aime dans le jaaaaaz c'est la trompette, lala la trompette, écoute la trompette"
voilà c'est tout
Paix et Amour sur Toi et les Tiens, Dragi.
Mon commentaire ayant mystérieusement disparu dans les limbes de la toile (si vous le trouvez sur l'un de vos blogs, n'hésitez pas à transmettre à qui de droit), je le réitère ici : pour la prochaine fois "Spells" de The Coma.
Quant à tes propos sur le jazz, je m'y retrouve tellement qu'il me semble presque inutile de rajouter quoique ce soit. Ce que je m'empresse donc de ne pas faire. En fait si je ne supporte pas le free jazz (et vous pouvez toujours prétendre que je n'y connais pas grand chose, en fait je n'y connais à peu près rien, mais je m'en fous), je dois avouer que le jazz dans son ensemble est une musique qui m'est assez étrangère (ohhhhhhhhhhhhh!!!!!!!). Cela ne veut pas dire que je ne lui trouve pas des qualités. Cela ne veut pas dire non plus que je n'en écoute jamais. Mais simplement qu'elle ne m'est pas assez familière pour provoquer chez moi les mêmes réactions épidermiques qu'une chanson d'Elliot Smith ou un quintett de Brahms avec clarinette. Est-ce une question d'éducation ? Je le pense. Mais pourquoi mon oreille s'est-elle acclimatée aux mélodies occidentales des Beatles et moins aux accidents tonals (tonaux ?) du jazz, je me laisse encore quelques années pour y répondre.
je dis "Spells" de THE COMAS
avec un S à la fin, juste pour essayer de griller Davnat en pinaillant
J'avoue je n'ose pas m'aventurer dans ce domaine assez pointu du jazz, cela m'indifère et j'ai l'impression tout à fait juste que je n'y comprendrai rien et peut être n'y a t'il rien à comprendre bon je me limite à du jazz vocal les puristes détestent mais moi j'adore il y a de très belles interprètes comme Anne Ducros, Elisabeht Kontomanou et Dianne Reeves qui sont au top le reste peu m'importe.
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